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Live Report : Yodelice à la Cigale

Publié le par Tehos

Live Report #2 - 21 janvier 2014

Pas totalement séduit à la première écoute de son nouvel album, "Square Eyes", je ne m'étais pas précipité pour aller voir Maxime Nouchy, dit Yodelice, sur scène. Mais c'était sans compter ma grande amie P, qui avait décidé de m'offrir une place pour l'accompagner au second concert d'une série de trois soirées à la Cigale. Une plongée dans le nouveau disque s'impose alors à moi et malgré de bonnes choses, je reste un peu perplexe sur certains choix artistiques engendrés par l'évolution de l’artiste. Je nourris donc quelques doutes avant cette prestation…

Revenons en 2009 et au concert qu'a donné Goran Bregovic au Grand Rex (très bon souvenir d'ailleurs). Une première partie est annoncée, mais non précisée, mystère... Un homme-orchestre au chapeau s'avance dans l'obscurité de la scène, à côté d'un arbre mort. Il délivre un set de morceaux acoustiques et plutôt intimistes qui captive l'assemblée. Dans le noir durant toute sa prestation, l'inconnu reste sans nom puisque aucune annonce ne le présente (ou bien cela m'a échappé). C'est seulement quelques semaines plus tard que je découvre l'identité de l'individu avec son premier clip, "Sunday With a Flu" qui bénéficia d'une diffusion plutôt importante. Vous l'aurez compris, il s'agissait de Yodelice.

N'ayant pas vu P depuis un moment, la discussion s'étoffe et j'avoue ne pas prêter une oreille très attentive à la première partie, Jain, une jeune chanteuse française pas désagréable à écouter. Du coup, nous arrivons très vite au moment où l’on va entrer dans Spookland, l'univers imaginaire du personnage Yodelice...

La salle s'éteint et il apparaît dans un unique spot bleu, s'approche d'un arbre mort qui se dresse sur le côté gauche et semble en caresser le tronc un instant. Un discret beat en sort soudain. Le cowboy, coiffé de son chapeau, saisit sa fameuse guitare folk en forme de crâne et se place au centre de la scène. Les premières notes de "Alone" résonnent alors et la voix mélancolique du beau gosse solitaire s'étend doucement au-dessus de la fosse. L’arbre clignote légèrement, comme si un feu de camp brulait à l’intérieur. Au bout d'un moment, je discerne un guitariste qui sort de l'ombre pour accompagner le frontman. Un vieux titre intimiste pour débuter, je suis plutôt rassuré, ça se passe bien pour le moment. La ligne de basse lancinante de "Like a Million Dream" s'élance à l'arrivée d'un nouveau musicien dans l'ombre d'un second arbre, plus petit (qui accompagnait déjà Yodelice lors de sa première tournée en 2009). Le batteur s'installe à son tour, le guitariste se place aux claviers et le morceau prend de l'ampleur. L'ambiance est planante, voir psychédélique avec les rais de lumière verte qui déchirent l’espace. Puis le break instrumental étant sa noirceur sur l'assemblée et me fait vibrer.

Live Report : Yodelice à la Cigale

La légèreté fait ensuite son entrée avec la ballade pop "The Answer". Puis, sur "Breath In", le chanteur fait résonner sa voix et sa guitare, seul et dans le noir. Une unique ligne de lumière verte est visible. Elle semble prendre vie et se démultiplie lorsque le public tape des mains en rythme avant que la guitare ne se déchaîne à l’arrivée des autres instruments. Après un faux départ, dû à un jack accidentellement débranché, les acclamations de la foule accueillent l’étrange "Time" qui voit Yodelice sauter sur place. Puis, vient le lumineux "Haystack", un morceau qui me rappelle The Doors et dans lequel un duel s'engage entre les filles et les garçons de l'assemblée quand Nouchy demande à plusieurs reprises "est-ce qu’il y a des mecs ? Est-ce qu’il y a des filles ?". S’enchaînent une succession de "po po po po pom" masculin, puis de "pa pa pa pa pam" féminin et le morceau décolle à nouveau. Commence ensuite l'entraînant "My Blood is Burning" qui se voit alourdi pour l'occasion et la foule chante à nouveau pour accompagner le chanteur. La voix porte, la mélancolie se mélange à une légèreté pop et les morceaux prennent vie grâce à un son plutôt rock, presque inattendu, mais plus efficace pour la scène. Celle-ci s'illumine pour les moments dynamiques ou plonge dans une obscurité que souligne un éclairage plus intime lorsque la musique s’y prête.

Le show prend une autre tournure quand les instruments sont mis de côté. Les quatre hommes se regroupent sous les branches dénudées du plus gros arbre pour entamer un joli "Way Back Home" a cappella qui sent bon le blues. Puis, Yodelice reste seul sur scène dans l'obscurité et commence une danse d'indien autour du même arbre, pour ce qu'il appelle "Tree Song". Je l'observe enregistrer des percussions et des voix qu'il mixe ensuite à la manière d'un DJ jusqu'à l'entrée de Jain (la chanteuse qui s'est produite en première partie) pour une interprétation du "Mercedes Benz" de Janis Joplin. Suit sans transition un "Free" transformé pour l'occasion et qui abandonne son côté reggae originel pour un style plus lourd.

Dans mes souvenirs, les premiers concerts de Yodelice étaient très calmes. Mais cette fois, je me retrouve à plusieurs reprises à me dandiner avec P sur des titres plus joyeux et dynamiques, comme "Happy Crowd". Présent sur le nouveau disque, ce morceau faisait déjà parti de la set list en 2010. J'écoute ensuite Maxime Nouchy nous raconter comment "j'étais loin de me douter qu'en composant ce morceau dans ma chambre il y a quelques années, ça changerait ma vie", puis envoyer les battements de guitare de son "Sunday With a Flu", la complainte qui lui ouvrit les portes du succès. Mes compères du public et moi-même nous lançons dans une tentative d'interprétation de la mélodie sifflotée avant le dernier couplet. Je ne suis pas certain que le résultat soit à la hauteur, mais on va dire que c'est l'intention qui compte...

Suivent un "I Worship You" qui ne cesse de galoper et "Fade Away", dernier single en date, qui nous donne une nouvelle occasion de participer en chantant. Ces titres confirment la nouvelle attitude plus rock de Yodelice. "Est-ce que vous êtes chaud dans cette Cigale ?" Nous répondons en l'encourageant quand il lance le bluesy "More Than Meets The Eye" qui a délaissé sa guitare acoustique pour un son boogie virant presque heavy par moments. L'obscurité revient, juste traversée par de légers faisceaux de lumière bleue qui accompagnent l'introduction de "Wake Me Up". Après un solo blues, le chant nous appelle, le morceau prend son essor et s'élève en rock wah-wah disco pour un final qui pète.

Pour le rappel, la séduisante "Lady in Black" nous enrobe de longues minutes de sa langoureuse mélancolie. Yodelice disserte ensuite sur les relations amoureuses pour présenter "Familiar Fire", qui sera le dernier morceau du set et qui me rappelle beaucoup les ballades de The National. Ça me ramène aussi au début de la soirée et à son ambiance intimiste. Puis nous chantons à nouveau, mais en douceur cette fois, pour amener le groupe vers la fin du set. Maxime nous remercie et explique alors "je vis une expérience extraordinaire et je suis bien conscient que c'est uniquement grâce à vous". Je peux rentrer chez moi tranquille, je suis extraordinaire !

En venant ce soir à la Cigale, je ne m’attendais pas à une prestation exceptionnelle. Mais au final, j’ai passé une bonne soirée pour un concert d’un peu moins de deux heures, où j’ai redécouvert un Yodelice partageur et en mutation, toujours sensible, mais plus rock.

Tehos

Setlist :

  1. "Alone"
  2. "Like a Million Dream"
  3. "The Answer"
  4. "Breath In"
  5. "Time"
  6. "Haystack"
  7. "My Blood is Burning"
  8. "Way Back Home" (version acapella)
  9. "Tree Song"/"Mercedes Benz" (reprise de Janis Joplin, avec Jain)
  10. "Free"
  11. "Happy Crowd"
  12. "Sunday With a Flu"
  13. "I Worship You"
  14. "Fade Away"
  15. "More Than Meets The Eye"
  16. "Wake Me Up"
  17.  
  18. "Lady in Black"
  19. "Familiar Fire"

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