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Live Report : Dream Theater au Zénith

Publié le par Tehos

Live Report #3 - 31 janvier 2014

Après le concert de Yodelice auquel m’avait convié mon amie P, ce fut mon tour de lui rendre la pareille en lui offrant une place pour celui de Dream Theater. Ça n’a rien à voir, mais on aime tous les deux ces artistes et ça tombe bien.

Tête de fil du metal progressif depuis plus de vingt ans, Dream Theater a marqué mon adolescence. Mais, un peu lassé par ce style de musique, j’ai arrêté de les suivre un long moment pour m’intéresser à d’autres horizons. Je m’y suis remis de loin il y a quelques années et je me suis laissé tenter par cette tournée, même si je trouve, pour une fois, le nouvel album assez décevant.

Quand nous arrivons au Zénith, l’obscurité règne déjà et l’écran géant s’allume pour diffuser les différentes pochettes de la discographie studio du groupe. Elles se succèdent par ordre chronologique, sont animées et prennent littéralement vie, créant une sorte de teaser sur fond de "False Awakening Suite", l’introduction symphonique du nouvel album. L’enchaînement est le même que sur ce dernier lorsque les lumières s‘allument, les musiciens sont déjà en place et balancent le nouveau "The Enemy Inside", efficace pour débuter, avec sa très bonne introduction instrumentale. John Petrucci nous délivre son premier solo de guitare ravageur et James LaBrie (la raison qui m’a fait décrocher du groupe un temps) chante juste. Même si ce titre sonne plus heavy (un peu à la Angra) que véritablement progressif, je dois admettre que la foule semble emballée et ça fonctionne plutôt bien. Sans aucune transition et comme une provocation, Petrucci s’appuie sur son enceinte de retour et le groupe envoie la lourde intro écrasante de "The Shattered Fortress". James LaBrie disparaît la plupart du temps lors des passages instrumentaux. Il n’a pas changé, toujours un peu balourd lorsqu’il se déplace et il manque de charisme, mais sa voix est au rendez-vous. L’accrocheur "On the Backs of Angels" qui suit illustre bien la capacité du groupe à produire régulièrement des morceaux assez longs (fleuretant souvent avec les dix minutes, voir beaucoup plus parfois) et à les rendre attractif. La foule chante d’ailleurs en chœur la mélodie de l’introduction, c’est assez excitant en direct de la fosse. Je viens de me manger une série de morceaux sans transition et c’est assez dense, mais je n’ai pas le temps de m’ennuyer, tout passe très vite car une fois pénétré dans le théâtre des rêves, je ne peux plus en sortir, sauf en me réveillant. Mais je suis bien là, happé par des vagues de mélodies et de notes distillées avec grande maîtrise.

J’oublie un instant que je me trouve à un concert lorsque je regarde le film qui passe sur l’écran. Une vision de grande ville américaine au loin, puis le faisceau lumineux qui en sort et sillonne le ciel à la manière du Bat Signal, mais avec un "DT" à la place de la chauve-souris. Puis je suis le taxi jaune qui émerge de la cité pour rouler sur une route de campagne et s’arrêter près d’une cabane en bois. La caméra monte alors vers les étoiles et nous découvrons la constellation "DT". Ce petit film a une suite qui servira de fil rouge sur plusieurs morceaux. Arrive "The Looking Glass", peut être le morceau le plus représentatif du groupe sur le dernier album, même s’il ne présente pas de passage instrumental à part le solo de guitare. Vient ensuite un "Trial of Tears" allongé et ses trois parties qui nous font voyager dans des ambiances variés à travers "It’s Raining", "Deep in Heaven" et "The Wasteland". J’adore regarder le longiligne John Myung et ses longs cheveux raides noir corbeau, qui paraît écrasé par le poids de sa basse à six cordes. Entouré par ses deux claviers, Jordan Rudess en saisit soudain un troisième, portatif et en forme de guitare, puis vient occuper le devant de la scène se lâcher dans un long solo enflammé, à la manière d’un guitar hero.

C’est l’excellent "Enigma Machine" qui déboule ensuite. Seul morceau instrumental du nouvel album, un véritable concentré de dynamisme illustré par un cartoon mettant en scène les membres du groupe. Au milieu, Mike Mangini brille sur un solo inédit durant lequel je peux l’observer sur l’écran splitté en deux, une partie focalisée sur son impressionnante batterie vue du dessus, une autre le montrant de face. L’ancien batteur d’Extreme et d’Annihilator (ne cherchez pas le rapport) est le petit dernier du groupe. Arrivé sur "A Dramatic Turn of Events" (l’album précédent) pour remplacer l’énorme Mike Portnoy (co-fondateur du groupe avec Myung et Petrucci), il semble parfaitement intégré et s’en sort très bien alors que la tâche s’annonçait difficile. J’avoue garder ma préférence pour Portnoy, il manque tout de même un petit quelque chose, sa touche spéciale et un peu magique.

Le film se poursuit dans le Drive-in Theatre, avec la nouvelle pseudo ballade "Along for the Ride", que je ne trouve pas très intéressante. Je découvre que l’un des claviers de Jordan Rudess tourne sur lui-même et peut changer son axe horizontal et l’orienter en diagonal. Tout au long du show, les lights sont assez présents et proposent une grande palette de couleurs. L’écran est sans cesse utilisé pour diffuser des vidéos du groupe, des gros plans en direct sur les musiciens et des visuels géométriques ou psychédéliques. Le son n’est pas mauvais, mais un peu fort et ça nuit légèrement à sa clarté. Les différentes phases de "Breaking All Illusions" se succèdent puis font place aux solos qui s’assemblent pour développer les lignes mélodiques du morceau. Un grand Petrucci (comme toujours) fait hurler sa guitare à sept cordes, puis vient rejoindre Myung qui suit sa progression, mais à la basse. Une spécialité maison que j’ai pu observer à plusieurs reprises et c’est assez bluffant.

Ça fait déjà presque une heure et demie que le concert est commencé et on arrive tout juste à la fin du premier set. Afin de garder le public éveillé, le groupe a préparé une surprise. Pendant les quinze minutes de pause, l’écran projette une compilation de vidéos diverses mélangeant des passages humoristiques mettant en scène les membres du groupe, des fausses publicités pour des jouets à l’effigie du groupe (il y a même un James LaBrie Transformer), une parodie de leurs récentes auditions de batteurs ou encore d’excellentes et étonnantes reprises réalisées par des fans (comme on en trouve sur YouTube). Une très bonne idée rafraîchissante que j’accueille avec plaisir.

Live Report : Dream Theater au Zénith

Après un set composé de titres essentiellement tirés des trois derniers albums du groupe (à l’exception de "Trial of Tears" de 1997), je m’attends à une seconde partie présentant des morceaux plus anciens. Je suis servis avec un retour en 1994 et la succession des cinq derniers titres du grand "Awake", soit environ trois quart d’heure de trip annoncé. Les musiciens sont déjà revenus lorsque s’abattent sur nous les coups de semonce annonçant "The Mirror" et ses mesures asymétriques surprenantes. Le clavier s’en mêle et tout ça sonne assez guerrier, énorme ! Je cherche du regard P car j’ai besoin de partager ce moment qui m’emporte à chaque fois. Passé derrière le miroir, je continue le voyage à travers l’enchaînement avec "Lie", l’inséparable compagnon de "The Mirror". On est dans le sérieux, le genre de moment que j’attends quand je vais voir Dream Theater. Et Petrucci régale encore et toujours.

Un silence s’installe et LaBrie fini par prendre la parole. Je l’écoute nous dire que "sur cette tournée nous célébrons l’anniversaire de deux albums en particuliers, sortis il y a vingt et quinze ans". Justement, on est en plein dedans là. Puis il annonce "Lifting Shadows off a Dream" qui nous ballade dans son atmosphère langoureuse et ses sonorités qui m’évoquent étrangement U2. Je me souviens alors à quel point ce morceau m’avait surpris lorsque je l’ai découvert, presque perdu sur un album de metal progressif assez lourd. "Scarred" vient ensuite me régaler pendant de longues minutes et je me retrouve à nouveau plongé dans l’époque à laquelle j’écoutais beaucoup Dream Theater. J’ai oublié la déception du dernier album, ces mecs sont toujours (presque) aussi géniaux. La nostalgie m’envahie un instant lorsque retentissent les premières notes de clavier de "Space-Dye Vest", un morceau qu’aiment beaucoup les fans, en particuliers P et elle le fait savoir. Les effets sonores atmosphériques viennent se mêler à la mélancolie ambiante que les musiciens ont développé et amènent au monologue interprété par Jordan Rudess, seule lumière dans l’obscurité soudaine. Puis les couleurs reviennent, mais ça sonne comme une histoire triste et ça se termine par la vision de cet homme chauve, au bouc de viking, seul derrière son clavier pour répéter sa litanie solitaire à résonance dramatique.

C’en est fini de l’hommage à "Awake", mais il reste encore un morceau (en cinq parties), "Illumination Theory", le dernier du nouvel album. Après l’intro orchestrale "Paradoxe de la lumière noire", s’enchaînent la cavalcade instrumentale de "Live, Die, Kill" et "The Embracing Circle", qui constitue la partie classique du morceau (couplets/refrains/breaks). Je m’oublie dans "The Pursuit of Truth", bande son à la Nature et Découvertes illustrée uniquement par des images projetées dans le noir, un moment de calme. Puis une étoile vient s’écraser, tout repart et s’intensifie dans "Surrender, Trust & Passion", conclusion tout en démonstration, qui voit les musiciens quitter la scène sous les acclamations du public.

De nouvelles images surgissent dans le noir et la bande son enregistrée monte progressivement. Ils sont revenus et le compte à rebours a commencé. Les années remontent le temps sur l’écran, à l’image de la régression du personnage principal de l’histoire, Nicholas. Le second hommage anniversaire a commencé, celui de l’album concept "Metropolis Part 2: Scenes from a Memory". Le groupe débute par l’instrumental "Overture 1928" et l’excellent "Strange déjà-vu". Puis arrive un autre instrumental, le magnifique "The Dance of Eternity" et ses fulgurances techniques. Myung suit à nouveau le lead de Petrucci, ça vole dans tous les sens, ça envoie, l’exécution est parfaite, une vraie gifle ! Le calme revient avec l’introduction de "Finally Free", qui m’emmène le temps d’une montée vers le terme dramatique du flash-back de Nicholas. J’ai envie que ça continue…

Mais voilà, c’est terminé. Après une prestation de trois heures pleines, les musiciens restent longtemps sur scène à remercier le public. Même si tout est toujours sous contrôle et qu’il manquait un bon nombre de fameux classiques, c’était vraiment chouette de les retrouver sur scène et de constater qu’ils sont toujours au rendez-vous. Je me rends aussi compte que, quels que soient les morceaux joués, ça reste toujours très bon et impressionnant. Chaque tournée est construite différemment et c’est peut-être une de leur force de pouvoir s’appuyer sur presque tout leur répertoire pour présenter des concerts variés. J’ai assisté à quelques-unes de leurs prestations plutôt exceptionnelles entre 1996 et 2002 et étant moins fanatique de ce style aujourd’hui, je m’attendais plutôt à être déçu. Et bien pas du tout ! Je retournerai les voir.

Tehos

Setlist :

  1. "False Awakening Suite"
  2. "The Enemy Inside"
  3. "The Shattered Fortress"
  4. "On the Backs of Angels"
  5. "The Looking Glass"
  6. "Trial of Tears"
  7. "Enigma Machine"
  8. "Along for the Ride"
  9. "Breaking All Illusions"
  10.  
  11. "The Mirror"
  12. "Lie"
  13. "Lifting Shadows off a Dream"
  14. "Scarred"
  15. "Space-Dye Vest"
  16. "Illumination Theory"
  17.  
  18. "Overture 1928"
  19. "Strange déjà-vu"
  20. "The Dance of Eternity"
  21. "Finally Free"

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S
Impressionnant le rack batterie de Mangini !
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