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Live Report : Moderat au Trianon

Publié le par Tehos

Live Report #5 - 17 février 2014

Ayant tardivement appris qu’une seconde première partie s’est ajoutée à la soirée, je prends mon temps pour me rendre au Trianon où je vais assister au concert de Moderat, projet composé de Sascha Ring, surnommé Apparat et des deux DJ qui forment Modeselektor. Après avoir assisté à un show d’Apparat l’année dernière, j’avoue attendre une prestation plus corsée ce soir.

J’arrive à vingt heures, juste après le set du DJ d’ouverture. Je peine un peu à me frayer un chemin à travers la foule. Je cherche encore mes comparses O et G du regard dans la zone de rendez-vous, lorsqu’un homme se met aux platines. Bon… C’est mort, je ne les retrouverais pas, il fait trop sombre maintenant. Allez hop, un petit SMS pour leur donner ma position, qui je pense, est meilleur que la leur. Petit à petit, j’ai fini par faire mon trou dans la fosse et je n’ai plus trop envie d’en bouger. Le DJ qui mixe, c’est Anstam et il s’en sort assez bien. Investi, il parvient à faire bouger un peu l’auditoire qui se laisse prendre au jeu pendant les trois quarts d’heure que dure son set, plutôt efficace. Une structure est déjà présente sur la scène, des grands carrés de toile tendus et intercalés, mais je l’ignore pour le moment car elle est là pour Moderat.

Lorsque les lumières se rallument, j’ai la bonne surprise de voir apparaître O et G qui m’ont retrouvé et me rejoignent. On papote gaiement, la foule se densifie pas mal et on est plutôt serré avec nos sacs et manteaux de saison. Une odeur de pomme flotte dans l’air (qui change de l’odeur de weed qui a envahi les toilettes), résidu d’une cigarette électronique proche et sujet de conversation à laquelle participe notre voisine de devant. O me montre le balcon où j’aperçois F et A qui attendent sagement et j’ai une pensée à ce moment là pour MP qui doit être quelque part dans la salle. A, F, G, MP, O & S, je vais peut-être réussir à recomposer l’alphabet si ça continue…

Live Report : Moderat au Trianon

Je sors de mes pensées quand le trio attendu entre sur scène dans le noir. À droite, il y a Apparat aux claviers (mais j’aperçois une guitare posée derrière lui). À son opposé et au centre, on retrouve le duo de Modeselektor, composé de Gernot Bronsert (aux platines) et Sebastian Szary (aux platines et effets). Je les distingue à peine dans l’obscurité ambiante, à peine éclairé par une lumière blanche qui prend vie dans un trait vertical nuageux derrière eux. Les premières nappes de "This Time" nous invitent timidement, accompagnées par les doux murmures d’Apparat, puis le son prend d’un coup toute son ampleur. La sensation est bonne et même si le tempo est assez lent, je suis le rythme en dansant. Introduction en douceur, qui laisse place à une vague de satisfaction en provenance du public, lorsque Moderat enchaîne avec "A New Error" qui m’emporte pour planer dans un envol synthétique et termine déjà de me convaincre. Ce soir, ça va être un très bon concert ! Des mains géantes dansent sur les écrans, en osmose avec la musique et des lasers bleus traversent l’espace. Marquant le beat, un spot blanc aveuglant clignote lentement et me ravage la rétine. Impossible de regarder la scène d’où je suis. Je ferme les yeux et me laisse porter. En fait, c’est parfait, un vrai trip. Je les soupçonne presque d’avoir eu l’idée de ce spot pour forcer les gens à oublier ce qu’il voyait pour se concentrer sur le son, très bon au demeurant.

Des faisceaux lumineux s’animent derrière les musiciens, créent un effet de profondeur et s’alignent avec les rythmes hypnotiques de "Milk" qui me portent jusqu’à une légère accalmie. Apparat en profite pour saisir sa guitare puis les rythmes reprennent et le dancefloor s’emballe pour finir par s’enflammer. Gernot Bronsert est à fond et je suis ravie. Au début du concert, la structure a pris vie. Il s’agit de quatre écrans fins, disposés en croisillons et de manière à ce que seulement deux d'entre eux soient visibles. Mais par un subtil jeu de transparence, les deux écrans du fond se révèlent à nous et apportent de la profondeur. Le fond est noir, comme le reste de la salle et d’élégants visuels blancs viennent danser dans l’espace créé par les écrans. Parfaite mise en scène, parfois discrète, parfois explosive et qui colle aux rythmes pour mon plus grand plaisir. Je connais l’habitude de Sascha Ring pour les projections visuelles sur scène, mais je suis surpris et emballé par cet astucieux stratagème et par le très beau résultat obtenu.

Ombres et lumières m’entraînent ensuite dans les sombres abîmes de "Seamonkey". C’est le retour du spot aveuglant qui me pousse à nouveau à ne me fier qu’à mon ouie. Un épileptique y aurait probablement perdu la raison. La voix d’Apparat vient adoucir l’atmosphère sur "Rusty Nails", puis je me prends en train de danser comme dans un club sur les rythmes électro de "Versions", pendant que des formes géométriques s’enlacent sur les écrans. L’environnement visuel est encore parfait et fait presque office de quatrième membre du groupe. O me fait remarquer que par moments, les projections se retrouvent aussi sur le beau plafond du Trianon. À la sortie du club, Apparat nous apostrophe "hey Paris ! Nous sommes vraiment heureux d’être dans votre magnifique ville, de jouer ici ce soir et de revenir demain ! Hey Sebastian, comment s’appelle le prochain morceau déjà ?" "Je ne me souviens plus." "Peu importe. Jouons !" L’assemblée s’emballe dès les premières secondes de "Bad Kingdom", single du nouvel album et véritable hymne électro porté par la voix aérienne d’Apparat. J’apprécie le moment de douceur qu’apporte ensuite "Damage Done", bercé par les paroles qui sortent à nouveau du micro.

Apparat ne lâche plus le micro, les mots passent sur les écrans, le beat est frénétique, mais la voix et les nappes sont planantes. C’est le nouveau single inédit "Last Time" dont la fin explose progressivement, appuyée par le jeu de lumières. Les images projetées sur l’écran me font passer un peu aux dessins de Charles Burns et Daniel Clowes. Je suis stupéfait par la mise en place des musiciens qui est parfaite ! La guitare sort de l’ombre pour "Les Grandes marches" et je suis pris par les sons électro qui se déchaînent avec des accents dub. Quelques secondes de répit et c’est reparti avec le terrible "Nr. 22", sur lequel Moderat et le public lâchent tout et c’est la transe, l’extase ! Énorme ! Mais toute bonne chose ayant une fin, les lumières se rallument. Les musiciens nous applaudissent et nous leur rendons bien. Ils finissent par sortir de scène, mais nous en voulons encore…

Ils nous ont entendus et reviennent pour un rappel. Un léger beat annonce "Gita" sur laquelle la voix d’Apparat semble flotter dans la multitude d’étoiles qui tournent autour de lui. Une reprise apaisante après la tempête. Mais avec "Let in the Light" qui commence ensuite, je m’endors un peu… là, je reste sur ma faim, l’ambiance est retombée et c’est bien dommage. J’ai un peu de mal à me remettre dans le coup et à rentrer dans "Therapy", mais le morceau fini par me récupérer quand même. Les lumières se rallument à nouveau et après une salve d’applaudissements, Gernot prend la parole "pour ceux qui voudraient danser, Sebastian et moi jouons tout à l’heure à la Machine du Moulin Rouge, avec Teki Latex et Cubenx. Thank You, Make Some Noise!" La foule s’unit pour lui répondre et ils nous saluent avant de partir. J’aurais bien été à l’aftershow, mais en semaine et vu mon âge avancé, je ne peux pas me le permettre. Dommage, j’étais chaud…

Ce concert était prévu à l’origine le 20 octobre, mais décalé à cause d’un accident de moto arrivé à Sascha Ring. Une seconde date s’est ajoutée et je pense à ceux qui vivront la même chose que moi ici demain soir. Un concert très emballant d’une heure et demie, malgré une petite déception sur le rappel, qui n’a pas relancé la machine. Je retiens surtout le dernier quart d’heure avant le rappel, pur moment de trip. Un très bon son dans une très belle salle, des musiciens plus qu’en place et faisant preuve d’une belle maîtrise, des effets visuels élégants et en parfaite adéquation avec la musique, une très bonne prestation.

Tehos

Setlist :

  1. "This Time"
  2. "A New Error"
  3. "Milk"
  4. "Sea Monkey"
  5. "Rusty Nails"
  6. "Versions"
  7. "Bad Kingdom"
  8. "Damage Done"
  9. "Last Time"
  10. "Les Grandes marches"
  11. "Nr. 22"
  12.  
  13. "Gita"
  14. "Let in the Light"
  15. "Therapy"

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