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Live Report : Femi Kuti & The Positive Force à la Cité de la Musique

Publié le par Tehos

Live Report #15 - 17 avril 2014

Ce soir je vais voir Femi Kuti et j’ai vraiment hâte ! J’ai déjà vu l’artiste nigérien et je retournerais le voir chaque fois que je le pourrais. Et je ferais la même chose pour son jeune frère, Seun Kuti. Tous deux font vivre la tradition familiale instaurée par leur père, le pape et l’inventeur de l’afrobeat, j’ai nommé le grand Fela Anikulapo Kuti. Ils diffusent une musique africaine, rythmée, aux accents jazz et véhiculant toute une culture et un engagement politique. Et croyez-moi, le concert d’un Kuti, ça vaut le détour !

J’arrive après la prestation de la première partie, Yisa Mirinda, un groupe du Nigéria venu représenter leur musique populaire et urbaine, alliant chant et percussions. La salle est presque pleine et baigne dans une sorte de clair-obscur. Une multitude de petits groupes se sont former pour discuter, les plus jeunes semblant entasser dans la fosse, laissant les sièges à leurs ainés. Étant seul, j’avoue que l’attente me semble un peu longue, je trépigne d’impatience.

L’ambiance est toujours tamisée et les discussions agitent encore l’assemblée, lorsque cinq musiciens pénètrent sur scène l’un derrière l’autre et s’installent à leur place. Le percussionniste à gauche, le batteur au centre et le bassiste entre les deux. À droite, il y a la guitariste et un claviériste, assis derrière son instrument. Après un léger silence, les gens se mettent à crier lorsque le groupe leur semble prêt. Les cinq comparses sourient et lancent une musique satinée, dont le groove monte avant de retomber. Il y a comme une attente, mais ça repart d’une manière plus énergique. C’est sous des percussions appuyées, qu’entrent à la queue leu leur trois autres musiciens, brandissant leurs cuivres tout haut. Ils s’arrêtent sur le devant de la scène et sont rejoints par le guitariste et le bassiste, qui les encadrent pour entamer une petite chorégraphie synchronisée. Puis, les trois nouveaux venus vont se placer sur une estrade, au fond à droite. Le rythme retombe à nouveau et l’attente revient. Un roulement percussif accueille les trois danseuses qui viennent se répartir face au public dans une danse rythmée. Les trois filles se retournent et commencent une dans des fesses, spécialité maison. Puis, elles vont se placer sur la gauche, alors que Femi Kuti les croise, en traversant la scène d’une manière nonchalante et avec ses trois cuivres sous le bras. Il les dispose alors autour de son clavier, qui l’attend tranquillement. Il se retourne, salue ses musiciens et les observe un moment. Il bouge comme un boxeur qui se prépare à un combat, alors que les filles sont toujours de dos et que le groove tourne encore. Femi se met à jouer quelques notes au clavier alors que la section cuivre bouge en rythme. Ça monte et ça ressemble presque à un jam, mais maitrisé. La foule s’est déjà animée lorsque les bras du leader partent en l’air et que le thème majestueux des cuivres de "Truth Don Die" (dont le tempo est bien plus rapide que sur la version studio) se met à retentir. Femi saisit un micro et commence à chanter en marchant de long en large, alors que la musique s’est un peu apaisée pour lui laisser de la place, mais en restant tout de même assez présente. J’ai l’impression que les musiciens semblent un peu gênés. Le guitariste et le claviériste échangent des regards incertains. Il y a un léger problème de son, l’équilibre entre les instruments n’est pas parfait et apparemment certains retours semblent défectueux. Mais ça ne fait rien, le groupe est lancé, tout comme la foule qui se laisse envahir par les rythmes soutenus et les sons de clavier, qui se mélangent un peu à la manière d’une transe. La musique s’apaise, jusqu’à se faire très discrète, alors que Femi se met à tenir une note de saxophone un long moment, qui semble ne jamais vouloir stopper. Lorsqu’il se lâche dans un solo enflammé, le groupe est déjà reparti de plus belle. La tempête s’apaise et c’est au tour du guitariste de se mettre en valeur, avant que Femi ne termine le morceau un genou à terre, reprenant son souffle et nous observant.

Live Report : Femi Kuti & The Positive Force à la Cité de la Musique

Après un "Bonsoir Paris, ça va ?" tout en français, le chanteur repasse à l’anglais "It’s Lagos! It’s Africa! It’s afrobeat!" et lance son fameux "Alalalala!" auquel la foule répond au taquet par au autre "Alalalala!". Un second "Alalalala!" reçoit la même réponse en écho. Femi s’arrête car "Alors, il y a un petit problème" et nous explique que lorsqu’il lance son "Alalalala!", il faut répondre "Ololololo!" Je suis un peu surpris que le public ait oublié cet échange familier avec l’artiste, devenu une réelle tradition en concert. Après plusieurs allers-retours de "Alalalala!" et de "Ololololo!", la musique repart tout en douceur, puis Femi la fait monter avec les envolées de son sax, jusqu’à ce que retentisse le thème de "Stop AIDS", lui aussi en version plus rapide. Vêtu d’une tunique blanche à rayures jaune et rouge, le charismatique leader, tout en chantant, fait signe à la régie son qu’il faudrait monter le son de la voix. En effet, il semble parfois devoir forcer un peu pour se faire entendre normalement. Il danse alors que les trois filles répètent sans cesse le nom du morceau, qui retombe tout doucement. La musique ne s’est pas arrêtée et les voix résonnent toujours, tout est là, mais l’énergie est retenue. Puis, ça finit enfin par exploser.

À peine une seconde de pause et c’est la guitare de "Do Your Best" qui déboule (la version studio a été enregistrée en duo avec le rappeur américain Mos Def), suivi par une échappée au sax très jazz de Femi. Le titre décolle et les danseuses, un peu dénudées et portant des tenues traditionnelles se donnent à fond. D’eux d’entre elles viennent se trémousser au corps à corps avec le guitariste et le bassiste qui ne se déconcentrent pas pour autant. Ces deux derniers viennent ensuite se placer sur le devant de la scène et bouge ensemble en rythme, alors que leur leader se paye un second solo et que les danseuses se sont accroupies pour danser. Le groupe joue avec les tensions rythmiques, dont l’intensité varie et les musiciens se tournent souvent de droite à gauche, ce qui donne une impression de mouvement constant.

Pas le temps de souffler, car la longue intro instrumentale de "Victim of Life" enchaîne directement derrière. Les danseuses tournent sur elles-mêmes, puis les unes autour des autres. Mené par la voix et la gestuelle du chanteur, le morceau monte tranquillement, alors que les trois filles utilisent tambourins et autres petites percussions. Elles se lâchent lors du dernier solo de Femi, qui réveille ses complices et fait tout exploser dans une gerbe de notes et de coups de semonces.

Live Report : Femi Kuti & The Positive Force à la Cité de la Musique

Il lance ensuite un "Alalalala!", immédiatement suivi par un "Ololololo!" sortant du public, puis s’octroie un instant de répit pour s’essuyer et reprendre un peu de force. Ça tombe bien, c’est "You Better Ask Yourself" qui commence, avec son intro guitare/basse assez légère et qui monte petit à petit, en prenant de l’ampleur par le jeu des percussions et les notes d’orgue qui les ont rejoint. Ce titre est un peu plus calme et possède une couleur plus jazzy. Les filles s’accroupissent pour danser et Femi Kuti arpente longuement la scène, chantant une sorte de monologue qui s’énerve progressivement et auquel répondent ses complices féminines. Le groupe, The Positive Force, porte bien son nom, tellement ils semblent radieux, comme les filles et leurs sourires ensoleillés. À part ces dernières, ils portent tous la même chemisette verte à bandes marron et un pantalon jaune, ça fait un bel ensemble. Femi exécute ensuite un lent solo de trompette, la tête penchée et soutenu par la musique, très en retrait, avant que le morceau ne s’éteigne quelques secondes plus tard.

Femi se retourne dans un salut à ses musiciens, puis de quelques gestes du bras, il lance le titre suivant, un peu à la manière d’un chef d’orchestre. Je reconnais immédiatement ce thème que j’adore, exécuté par les cuivres, c’est celui de "Dem Bobo". Le chanteur prend parfois une voix un peu plus gutturale et saute sur place en levant le bras, pendant que les danseuses se trémoussent de dos et font monter la température. Femi joue ensuite un solo de clarinette, alors que les filles sont à genoux sur scène. Mais le morceau se termine assez vite, trop vite même, j’en aurais bien pris un peu plus. "Dem Bobo" est tronqué, mais le son est meilleur, tout me semble maintenant en parfait équilibre.

Après un nouveau "Alalalala!", Femi commence un long discours à propos de l’Afrique et de sa place dans le monde. Passage un peu obligé quand on va voir un membre de la famille Kuti, plutôt engagée politiquement. Toutes ses paroles annoncent un "Africa for Africa", lui aussi boosté et plus dynamique que jamais. Sur l’intro énergique, Femi est survolté, s’agite et tourbillonne, tout en déclamant des "Lalala, lalalala" rapides. Ça se calme un peu pour le couplet, les voix féminines lui répondent avec des "Africa for Africa", puis ça explose encore dans une danse frénétique avant que la musique ne se fasse à nouveau très discrète, en arrière plan, pour laisser Femi parler du terrorisme et évoquer la guerre en Irak. La musique est toujours restée là, en fond et le chanteur reprend le cours du concert "Chantez avec moi s’il vous plaît". Les filles entament alors des "Africa For Africa", tandis que Femi, le bras levé, lâche son message "We must remember we are brothers and sisters" avant la fin du morceau.

Une intro au tempo vitaminé déboule ensuite. Les cuivres et les percussions s’envolent, soutenues par le son d’orgue de Femi, qui joue en secouant la tête frénétiquement et semble s’amuser. Puis, lui et ses trois choristes commencent un échange rythmé, alors que les paroles de "Nobody Bag" affluent à toute allure. Les baguettes qui frappent sans pitié sur les peaux entraînent la foule et la scène s’enflamme dans une danse furieuse. L’ambiance est vraiment bonne, c’est chaud et le public est très enthousiaste, bien plus que dans mes souvenirs d’il y a quelques années.

Après un "Alalalala!", Femi nous demande sur sa lancée "Paris, vous êtes fatigué ? Vous allez bien ? On a besoin de se souvenir qu’il y a des gens qui souffrent plus que nous un peu partout" et nous raconte une histoire à propos de pauvreté avant de nous parler du "Pouvoir de l’amour". Il lance encore un "Alalalala!" et se met au clavier pour l’ouverture de "Carry on Pushing on", premier morceau joué ce soir du très bon nouvel album, "No Place for My Dream". Femi et ses danseuses sont surexcités, mais la musique n’est pas en reste et me ramène à nouveau à Fela. Le morceau nous maintient en tension avec des alternances d’intensité, entre faux calme et explosions libératrices. Le batteur laisse s’échapper une baguette, mais une autre surgit instantanément, comme si rien ne s’était passé. Je vois même débarquer un long solo de guitare étonnant, puisque interprété avec un son et à la manière rock. Tout le monde bouge avec énergie, Femi exulte et l’ambiance est montée d’un cran.

Les cris et les applaudissements de la foule sont percés par les remerciements du chanteur. Puis, il se met au clavier, la musique monte et Femi lance "Politics Na Big Business" dans un cri salvateur. Le couplet est asse calme, Femi fait vivre ses propos avec sa gestuelle et il semble jouer un rôle, alors que les chœurs féminins sont très présents. Un majestueux refrain me secoue, avant que le spectacle du leader charismatique reprenne et nous amène jusqu’au final.

Une guitare funky, maquillée à la wah-wah, donne le ton au reste du groupe, qui enchaîne avec le morceau suivant, l’excellent "No Work No Job No Money". Les danseuses sont omniprésentes et chantent, alors que Femi se balance de dos, en déclamant son texte avec force et en faisant tournoyer sa tête, presque comme un dément.

J’ai à peine le temps de reprendre mon souffle, que le guitariste, toujours enrobé d’effet wah-wah, envoie la rythmique de "The World Is Changing". Le morceau est dans la continuité des précédents, mêlant douceur et explosions et mettant en valeur les cuivres énergiques jazzy et les percussions tribales. Les mouvements des danseuses m’envoûtent et Femi Kuti met tout en œuvre pour faire vivre sa musique. Je trouve que ce morceau sonne comme une belle rencontre, un mélange réussi de jazz européen et de musique africaine.

Femi nous fait taper des mains un moment, alors que débute "Nothing to Show for It". La musique monte formidablement et s’emballe. Femi tourne sur lui même, saute et s’écrit, il est en feu, porté par ses musiciens et la foule qui s’emporte. La douceur revient ensuite, tandis que le chanteur continue d’animer la scène, avant une nouvelle salve de notes explosives. Puis, tout s’éteint trop vite, un "Alalalala!" se perd dans la fin du morceau, un peu écourté. Mais surprise, Femi reprend seul, tout doucement, bientôt suivi par ses choristes, puis par le reste du groupe, dans une courte reprise bien plus lente que la version originale. Ça s’arrête encore et Femi nous explique que "L’afrobeat est la musique de ceux qui ont peur, des oppressés". Il repend à nouveau le morceau, mais cette fois, la musique est très dépouillée. Le chanteur ressemble à un poète qui déclame ses écrits, tandis que les filles secouent des petites percussions pour l’accompagner. L’une d’elle repart à l’assaut du bassiste, avant que tout ne s’arrête à nouveau. C’est un léger filet de guitare blues qui vient ensuite les rejoindre pour relancer une nouvelle reprise.

Après un dernier soubresaut, c’est "Wey Our Money" qui prend le relai, sur un simple geste du bras de notre hôte. Après une intro instrumentale qu’il fait vibrer à l’aide de son clavier, la musique explose sur ses cris énervés. Puis, les instruments deviennent un simple fil, soutenant la prestation de Femi, qui arpente la scène et ne semble jamais se fatiguer, malgré son investissement constant. Le tempo s’emballe et le chanteur se remet au clavier pour plonger tout le monde, musiciens et spectateurs, dans une transe qui s’enflamme. Le rythme s’emballe, les notes virevoltent et Femi termine le morceau en exultant.

Live Report : Femi Kuti & The Positive Force à la Cité de la Musique

Le chanteur montre son groupe pour lui rendre hommage, puis après quelques "Merci Paris" et autres "Alalalala!", il se retourne vers ses musiciens et les bras levés, il lance "No Place for My Dream". Femi semble heureux lorsqu’il chante sur ce titre, porté par les cuivres bondissants, la wah-wah et les mouvements entraînants des danseuses. La musique tourne bien et au bout d’un moment, le chanteur vient s’asseoir sur le bord de la scène et se met à serrer la main des spectateurs aux premiers rangs. Il saute ensuite par terre et se fraie un chemin à travers la foule, pour chanter la fin du morceau. Un "Alalalala!" lâché lorsqu’il remonte sur scène, clôt cette phase, qui a vu se succéder sept nouveaux titres. Ils passent tous vraiment très bien en live, ils dégagent comme une certaine fraîcheur et ça fait du bien.

Femi nous fait ensuite bouger les bras de droite à gauche, puis taper des mains pour l’accompagner, alors qu’une nouvelle fois, la musique s’envole et me fait décoller. Le chanteur a repris son saxophone pour accompagner ses musiciens et le rythme m’emporte dans une danse partagée avec mes voisins. Le guitariste se met en avant avec un long solo, pendant que Femi va rejoindre la section cuivres pour danser avec eux. L’une des filles se remet encore à se trémousser, collée au bassiste, qui ne semble toujours pas trop perturbé. C’est trop bon, les gens se lâchent complètement, sans retenue et je jubile avec plaisir. Puis, le calme s’installe pour laisser Femi chanter sur "Sorry Sorry". Mais tout explose encore, lorsque Femi tend le doigt vers le ciel et se jette dans un nouveau solo de sax endiablé, auquel vient se mêler une trompette. Je sens que la fin du concert approche et j’essaie d’en profiter un maximum. L’ambiance est très festive, les danseuses ne s’arrêtent jamais, elles sont incroyables. Soudain, tout retombe et se perd dans un chuchotement. Puis, après quelques instants de flottement, la musique repart, le chanteur se remettant à jouer de son clavier. Femi se redresse, nous regarde et nous adresse un "Merci beaucoup ! Merci beaucoup ! We Love You!" alors qu’il sort de scène en dansant. Le groove continue de me faire bouger, quand les trois filles s’en vont à leur tour, l’une derrière l’autre et tout en se trémoussant. Quelques instants plus tard, les musiciens concluent le morceau, puis sortent eux aussi de scène, sous les cris et les applaudissements du public, qui en veut encore.

Les musiciens reviennent assez vite et reprennent là où ils s’étaient arrêtés. Les danseuses font leur seconde entrée, toujours en mouvement, puis c’est au tour de Femi Kuti de revenir en nous saluant, comme au début du concert. Les filles nous montrent à nouveau leurs fesses, en se secouant comme des damnées, mais la reprise ne dure que quelques instants.

C’est ensuite le morceau "Day by Day" et son air de comptine qui vient souffler comme un vent de fraîcheur sur l’assemblée. L’un des musiciens a troqué son instrument contre une flûte, pour ce qui est le moment le plus calme de la soirée, ce qui permet à tout le monde de souffler un peu.

Puis c’est l’endiablé "Shotan" qui déboule, porté par la voix de Femi, qui se fait plus raggae "Alalalala!" La musique se met à tourner et nous replonge dans l’ambiance énergique d’il y a quelques minutes. Le chanteur sautille, fait des bons, tourne sur lui-même et hurle, c’est la fiesta ! Femi ramasse deux bouteilles en plastique qui traînent à ses pieds et les balance sur ses musiciens. Ça monte encore, les filles sont en feu (l’une d’elle rampe à terre, alors qu’une autre tourne sur elle même avec une jambe en l’air) et tout le monde se remue avec entrain. D’autres bouteilles, des serviettes et divers objets se mettent à fuser à travers la scène, lancés par à peu près tout le monde. C’est une vraie bataille qui se déroule sous mes yeux, alors que la musique ne faiblit pas et continue de me faire danser, tandis qu’un Femi surexcité se déplace comme un diable en colère, débitant son flow de paroles rapidement. C’est un peu le bordel, mais uniquement visuellement. Si je ferme les yeux, je ne me rends compte de rien, mais ça serait dommage de me priver de se beau spectacle. Le morceau s’arrête d’un coup, sur une mesure, vite suivie d’un maintenant très familier "Alalalala!".

La musique repart tout doucement, comme dans un murmure et s’installe en toile de fond. Femi reprend le micro "Alalalala! Alalalala! We love you! It’s Africa! It’s afrobeat! We have to go now". Il nous parle longuement de propagande, de racisme, de crise, de pauvreté, de corruption et d’homosexualité. Il exprime son souhait que les africains n’aient plus à quitter leur pays et qu’ils arrêtent de croire que l’Europe est un paradis. Puis il termine son speech sur une note positive et universelle, "Love!" Les choristes et le chanteur se répondent ensuite dans un échange d’entraînants "Hey, hey yahey!", alors que les bras recommencent à tanguer de droite à gauche et que l’intensité de la musique s’élève. Femi présente alors les quelques hommes qui viennent de le rejoindre sur scène. Il s’agit des membres de Yisa Mirinda, le groupe qui s’est produit en ouverture de la soirée "Vous avez le privilège d’avoir entendu la musique de la rue de Lagos. Ils viennent de la partie la plus pauvre d’Afrique, là où il y a les gens mauvais. Mais c’est de là qu’est produit la meilleure musique. Alalalala!" Ils sont maintenant plus d’une quinzaine à danser sur scène "Koun kou chiki boom… Hey, hey yahey!", la fête bât son plein et tous les protagonistes arborent un sourire radieux "Koun kou chiki boom… Hey, hey yahey!". Soudain, Femi nous salue, reprend ses instruments, se retourne et remercie ses musiciens avant de quitter la scène, comme il est arrivé, d’une manière assez détachée. Le guitariste s’avance sur le devant de la scène et se poste devant un micro pour prendre la place de Femi. Le leader est parti, mais ça doit continuer "Koun kou chiki boom… Hey, hey yahey!" Les trois cuivres rejoignent les autres pour continuer à faire vivre le morceau un moment, dans un instant de partage où se mêlent The Positive Force et Yisa Mirinda "Koun kou chiki boom… Hey, hey yahey!" Je n’ai pas envie que ça se termine. Une pluie de remerciements nous tombe dessus en plusieurs langues, soutenue par les rythmes au tempo relevé. Les musiciens non plus ne semblent plus vouloir s’arrêter. Mais toute bonne chose a une fin et c’est dans un long final endiablé que tous nous saluent, le poing dressé vers le ciel, avant de sortir de scène les uns derrière les autres, sous nos chaleureux applaudissements.

J’aurais vraiment aimé les voir tous revenir encore une fois, mais la salle reste tristement allumée. L’une de mes jambes est toujours en train de sautiller, je ne la contrôle plus, les rythmes africains m’ont envahis et le soleil du Nigéria me manque déjà. C’était un excellent concert de deux bonnes heures, avec un Femi Kuti en grande forme et un groupe soudé par un mouvement collectif qui a grandement participé à mettre l’ambiance, tout comme les déhanchements provoquants des danseuses. Comme souvent, Femi a ponctué le show de discours engagés, la scène devenant à la fois un espace dédié à l’expression artistique d’une culture et un moyen d’expression politique. Fela peut reposer en père, la tradition se propage encore et il doit être bien fier là-haut.

Tehos

Setlist :

  1. "Truth Don Die"
  2. "Stop AIDS"
  3. "Do Your Best"
  4. "Victim of Life"
  5. "You Better Ask Yourself"
  6. "Dem Bobo"
  7. "Africa for Africa"
  8. "Nobody Bag"
  9. "Carry on Pushing on"
  10. "Politics Na Big Business"
  11. "No Work No Job No Money"
  12. "The World Is Changing"
  13. "Nothing to Show for It"
  14. "Wey Our Money"
  15. "No Place for My Dream"
  16. "Sorry Sorry"
  17.  
  18. "Sorry Sorry" (reprise)
  19. "Day By Day"
  20. "Shotan"
  21. "Unknown" (avec Yisa Mirinda)

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