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Live Report #22 : Las Aves à la Cigale (23 mai 2017)

Publié le par Tehos

Né des cendres du combo rock The Dodoz, cela fait maintenant deux ans et demi que Las Aves s'est élancé tel un ovni à la conquête du monde. Le groupe fait souffler un vent de fraîcheur sur le paysage musical français grâce à sa pop électronique sophistiquée, très éloignée de sa précédente identité. Je les ai découvert à la sortie de leur premier disque, un ep qui préfigurait un très bon album que je vous recommande chaudement. Ayant loupé leur passage à la Maroquinerie, je n'ai pas raté l'occasion de les voir à la Cigale, quelques jours après la parution d'un nouveau titre inédit, "Antistar".

Live Report #22 : Las Aves à la Cigale (23 mai 2017)

J'arrive pendant la première partie, mais je n'y prête pas tout de suite attention, surpris par la salle déjà remplie. Je me cherche un coin sympa d'où je pourrai avoir une bonne vue, ce que je trouve derrière la table de mixage. Sur scène, il y a un groupe de musiciens mené par le chanteur et guitariste Adrien Cassignol, qui répond maintenant au pseudonyme de Ryder the Eagle. Il s'agit en réalité de l'ancien batteur de The Dodoz, qui a également officié derrière les fûts de Las Aves à leurs débuts, mais qui a quitté ses acolytes pour lancer sa carrière solo. Je suis d'abord gêné, car j’ai l’impression que ça sonne parfois un peu faux, mais ce n’est finalement pas si mal au bout du compte. Quand arrive la pause, j'ai hâte que Las Aves entre sur scène, car je suis crevé et j'ai le moral un peu au fond des chaussettes. Le public assez jeune est très bruyant et il y a encore eu un attentat hier, cette fois à Manchester à la sortie d'un concert. Mais je retrouve le sourire lorsque j'entends un rap bien lourd à la ligne de basse hallucinante qui me soulève les tripes.

L'excitation du public grandit lorsqu'une bande son vient nous titiller les oreilles, car il pourrait très bien s'agir d'une introduction au show enregistré par le groupe, en tout cas, ça sonne tout comme. Des chœurs féminins se répètent sur un rythme électro qui finit par s'emballer et nous incite à danser. Un cri solitaire s'élève de la salle alors que la lumière s'éteint et que la musique commence à décroitre. Puis, le rideau s'ouvre sous les applaudissements et j'aperçois le groupe nappé d'une fumée rouge entrer sur scène dans l'obscurité. Comme à leur habitude, ils sont tous vêtus de blanc. À gauche, Jules Cassignol s’est placé aux claviers, tandis que le guitariste Vincent Argiolas s'est posté à droite, arborant sa casquette qu'il ne semble jamais quitter. Le batteur s'installe sur une estrade au fond, alors que Géraldine Baux occupe le centre de la scène. Des nappes synthétiques montent comme des vagues, puis je reconnais l'introduction de "Gasoline", seul titre du premier ep du groupe à avoir été repris sur l'album. L'entrée en matière est assez tranquille, mais je suis rassuré par la puissance et le relief de leur son qui prend davantage d'ampleur lors de la montée finale, lorsque Géraldine grimpe sur l'estrade pour se mettre elle aussi aux claviers.

Live Report #22 : Las Aves à la Cigale (23 mai 2017)

Pas le temps de respirer, un nouveau morceau est déjà parti, lancé par un roulement de caisse claire. Géraldine s'adresse à nous rapidement "Bonsoir, ça va ? On est hyper content d'être là ce soir !" et présente la prochaine chanson, "First Aid Blanket", avant d'enchaîner en chantant le poing levé. Jules s'est mis à la basse, élément vital du morceau et d’une manière générale je trouve le son super bon. Sans en faire des tonnes, le groupe ne semble pas tenir en place et chacun de ses membres s'agite, donnant l'impression d'un mouvement collectif organisé.

Une fois encore, la suite ne tarde pas, mais ce sont des coups de cymbales qui l'amènent "Ça va Paris ?". L'éclairage est passé du rouge orangé au bleu et ce n'est pas un hasard puisqu'il s'agit du titre "Blue". Tout en sautant sur place, Géraldine nous fait frapper des mains en rythme sur les soubresauts du morceau avant de rejoindre Jules au clavier. Vincent se poste au centre de la scène et écarte les jambes pour assurer sa position au moment où la guitare entre dans la danse, remplaçant le synthétiseur de la version studio et alourdissant l'ensemble. Des effets reverb enveloppent la voix sur le refrain, lui donnant une texture légèrement fantomatique, tandis que de gros flashs nous aveuglent. Sur le break, l'obscurité revient et seuls deux cubes de lumière clignotent en rythme derrière Jules et Vincent, alors que le public a spontanément recommencé à frapper dans ses mains. Puis tout explose dans une gerbe de rock garage psychédélique, Géraldine se trouvant à nouveau aux claviers et Vincent se contorsionnant comme un dément, finissant même à genoux. Ce passage prend une toute autre force sur scène et ça tabasse grave. Je crois rêver, il y a comme un soupçon du grand Black Sabbath qui flotte dans l'air…

C'est au tour de Jules de nous présenter "Die in Shangai", tout en posant de nouvelles nappes synthétiques et en nous confiant qu'ils sont persuadés de tous mourir en avion lors de leur futur voyage en Asie. À ce moment-là, les cubes lumineux sont passés au rouge et sont la seule source d'éclairage avec la combinaison blanche de la chanteuse, que l'on découvre phosphorescente. Sur le break, tandis que seule sa voix enregistrée tourne comme une boucle, elle nous interpelle "La Cigale vous êtes là ?", puis tout repart dans un passage répétitif qui nous emporte tous ailleurs. On y voit Géraldine danser entre ses acolytes, perdue au milieu de ses cheveux qui cachent alors son visage, tandis que la frappe du batteur s'intensifie et que des sons vrillent par-dessus la mélodie. Associés à la musique, l'éclairage rouge et les nombreux spots qui clignotent donnent un aspect presque hypnotique à l'ensemble et la température monte d'un cran.

Géraldine nous remercie à nouveau et après avoir poussé un cri, elle prend le temps d'introduire "Los Angeles", "C'est la toute première qu'on a sorti", le titre avec lequel j'ai découvert Las Aves et qui m'a immédiatement intrigué, puis séduit, je l'aime beaucoup. Jules a repris la basse et l'ambiance est plutôt festive. Sur le refrain, Géraldine nous entraîne et se balance énergiquement d'un côté à l'autre, les instruments et la distorsion apportant une nouvelle fois l'intensité nécessaire au live. L'obscurité revient sur le break et les cubes lumineux sont encore utilisé, mais assez brièvement, juste pour souligner la mélodie du clavier jouée par Géraldine. La batterie ramène la lumière et le groupe nous fait taper des mains alors qu'une montée relance le morceau sous un orage de spots clignotants. Tout s'arrête, ne laissant que la voix résonner, avant de repartir dans une nouvelle série de refrains très accrocheurs où l'on peut voir Vincent s'agiter sur place, ses cheveux mi longs tournants autour de sa casquette sur le son d'un rock saturé. J'attendais ce morceau et je dois dire que je suis complètement convaincu par la prestation que je viens d'observer. Et puis le public se prend au jeu depuis le début de la soirée, beaucoup de gens dansent, de nombreux bras se lèvent et l'ambiance est joyeuse.

Live Report #22 : Las Aves à la Cigale (23 mai 2017)

Une fois l’excitation retombée, Géraldine présente "Heartbeats", tandis que Vincent, sa guitare dans le dos, s'est mis aux claviers pour lancer le morceau. Jules a rejoint la chanteuse pour doubler certaines phrases, tandis que la lumière se fait discrète et que les deux cubes soulignent leurs silhouettes à l'aide de différentes couleurs. Puis le rythme s'intensifie et Vincent vient gratouiller quelques cordes en sautillant énergiquement au milieu de la scène pour le final.

Live Report #22 : Las Aves à la Cigale (23 mai 2017)

Géraldine ironise sur sa petite taille et enchaîne "Maintenant une p'tite nouvelle. On l'a jamais joué à Paris, j'espère qu'elle vous plaira." Jules et Vincent sont tous les deux côte-à-côte et partagent un clavier, alors que la chanteuse anime l'espace vide. Une fois encore les cubes lumineux s'activent dans l'obscurité et les tenues du groupe ressortent grâce à leur phosphorescence. Au bout d'un moment, la musique s’apprête à s'éteindre et je dois dire que je ne suis pas vraiment entré dans le morceau. Mais il n'est pas terminé et une seconde partie commence lorsqu'une ligne mélodique synthétique s'élève, vite rejoint par la batterie. Géraldine arpente la scène en nous faisant frapper des mains, tandis que des spots violets se mettent à clignoter. Cette fois-ci, pas de chant, mais chacun son clavier, une mélodie qui tourne en boucle, des breaks et des sons qui viennent vriller sauvagement et une puissante montée. La fosse est excitée, sautant avec ferveur sur le rythme, tandis que ma tête se balance comme les chiens en plastique que l'on trouve parfois sur la plage arrière des voitures.

Les applaudissements laissent ensuite la place à "N.E.M.", le titre le plus connu du groupe et l’un de mes préférés. Une lumière orangée inonde la scène sur les premières notes, puis le morceau démarre et emporte immédiatement le public avec lui. Vincent sautille à nouveau sur place en balançant ses accords saturés, avant que le morceau ne déroule tranquillement jusqu’au refrain, ou une bonne partie de l’assemblée lève le bras pour l’agiter d’un côté à l’autre, suivant la gestuelle de Géraldine. Plus tard, le public prend même à cœur de se charger du refrain, tandis que la chanteuse harangue les fans en dansant sur le devant de la scène. Une fois encore, l’obscurité laissera la place à un déluge de spots et à un passage hautement saturé et terriblement efficace. Un super moment !

"Merci, vous êtes vraiment top ! La prochaine chanson s’appelle "Perfect Mess", si vous voulez sauter avec nous c’est le moment !" Encore un morceau convaincant dont le rythme nous emporte alors que le groupe saute sur scène en jouant. Un break de quelques secondes laisse le temps à Géraldine d’aller se placer derrière le clavier sur l’estrade pour "Perfect Mess Pt. II", courte reprise du titre précédent, mais plus lente.

C’est ensuite "Antistar" qui commence, le nouveau single du groupe que j’ai à peine écouté avant de venir, mais qui m’a eu l’air assez froid et qui sonne très électro. Vincent et Jules sont tous les deux aux claviers, menant une danse aux sonorités inquiétantes, tandis que Géraldine chante d’une manière détachée sur le rythme de batterie et sous les spots qui clignotent frénétiquement. Je suis là-aussi agréablement surpris par l’interprétation live, bien plus lourde qu’en studio, même s’il n’y a pas de guitare. Puis, une fois encore et à plusieurs reprises dans le morceau, les bras de la foule se lèvent et s’agitent dans le noir sous l’impulsion de Géraldine "Est-ce que ça va la Cigale ? Si tu veux pas danser tu danses pas et du coup, par opposition, si tu veux danser tu danses. Est-ce que vous êtes chaud pour un dernier tour ?" Le dernier tour de danse assez brûlant semble annoncer un futur classique du groupe sur scène ! Un morceau qui n’avait l’air de rien, mais étonnamment efficace en live !

Géraldine nous remercie mille fois et annonce que le prochain morceau sera aussi le dernier. Il s’agit de "Lioness", un titre un peu fou et que j’adore. Tout part tranquillement, Vincent aux bruitages sur sa guitare et Jules se baladant sur scène, jouant de la basse avant de retrouver son clavier. À plusieurs reprises, Géraldine se met à sauter sur place en nous faisant frapper des mains avant qu’un déluge de décibels saturés n’emporte tout durant quelques secondes. La seconde fois fait place à l’obscurité et je m’aperçois assez tardivement qu’elle est en train de chanter allongée sur le dos, se laissant porter par les mains du public. Elle se fait trimballer un petit moment, tenant sa ligne avec de plus en plus de férocité tandis que le tempo augmente jusqu’à une explosion libératrice et quasi orgasmique. La chanteuse sera ramenée doucement sur scène pour le final et le groupe profitera de l’émoi général, des spots aveuglants et de l’obscurité, pour sortir de scène discrètement, lâchant un simple "Merci !". Un moment à l’intensité folle, véritable point culminant du concert. Là, je suis franchement sous le coup de l’enchainement des derniers morceaux, le groupe m’a vraiment scotché avec ses interprétations live, je suis sur le cul tellement je suis surpris.

À peine le temps de reprendre mon souffle qu’une table de DJ a été installée comme par magie pendant que la foule rappelait Las Aves. Nouvelle surprise quand un individu commence à mixer sans vraiment nous laisser le temps de comprendre, mais reprenant des sons du groupe. Puis, après environ deux minutes, le DJ lève le bras comme un signal et Las Aves revient sur scène en dansautillant (terme de mon invention et que je crois assez explicite pour ne pas avoir à l’expliquer) autour de lui un court instant avant de repartir. Le mix continue quelques minutes tandis qu’une partie du public s’interroge sur la situation. L’individu finira par s’en aller et les techniciens par enlever sa table.

Live Report #22 : Las Aves à la Cigale (23 mai 2017)

Le groupe revient rapidement et Géraldine prend le temps de nous parler plus longuement. Elle commence par nous remercier et par nous dire à quel point ils sont heureux, car jouer à la Cigale était l’un de leurs rêves, l’autre étant de sortir un album et ça c’est déjà fait. Elle remercie tous leurs collaborateurs et le batteur de la soirée, ainsi que Dan Levy de The Dø, avec qui le groupe a fait son premier album. Nous apprenons à ce moment-là que c’est lui qui est venu faire son petit tour de mix il y a quelques instants. J’ai l’impression de ressentir l’émotion dans sa voix lorsqu’elle remercie ensuite leur frère Ryder the Eagle et leur manager, puis elle conclue "Et maintenant on arrête de vous faire chier et on joue un morceau, il s’appelle "Leo!" L’obscurité revient et seuls les tenues phosphorescentes du groupe ressortent dans le noir. Les deux hommes sont postés derrière leurs claviers, mais ça n’empêche pas le morceau de décoller rapidement, alternant phases posées et plus explosives, l’ambiance n’est pas retombée et c’est cette fois Jules qui prend la guitare pour la seconde partie du titre, bien plus enlevée. Il termine plié en deux, agitant son instrument comme un dément et laissant des bruits dissonants en sortir, tandis que Géraldine a les deux bras levés vers le ciel et que le public exulte.

La dernière note s’éteint à peine qu’un sample d’"Antistar" relance la tension. Les cubes lumineux clignotent dans le noir sous les cris des spectateurs, alors que le sample tourne en boucle d’une manière obsédante. Il se passe quelque chose, mais on ne voit rien jusqu’à ce que la voix de Géraldine retentisse, sortie de nulle part, "À la batterie, Ryder the Eagle !" Effectivement, ce dernier commence à se défouler sur les fûts d’une seconde batterie installée à la hâte sur le côté droit de la scène. Les spots participent à faire monter la pression, puis les autres membres du groupe nous font frapper des mains. Les deux batteurs jouent un instant seuls sur le sample, puis Géraldine et Jules se placent aux claviers alors que Vincent reprend sa guitare. Un joli jeu de lumières les met en valeur sur un passage répétitif et hypnotique, mais dont l’intensité varie, laissant beaucoup de place à Ryder the Eagle. Tous se déchaînent sur la dernière partie du morceau, un moment vraiment cool qui se termine dans un brouhaha de notes et de larsens. Le groupe salue l’assemblée un instant avant de vite sortir de scène.

Live Report #22 : Las Aves à la Cigale (23 mai 2017)

Je savais que Las Aves était plutôt réputé pour ses prestations, mais j’avoue avoir été vraiment surpris et très emballé par l’énergie de leurs interprétations live et totalement convaincu. Étrangement et je ne sais pas pourquoi, j’ai rapidement ressenti qu’il y avait quelque chose d’autre derrière la façade synthétique affichée sur le disque et je ne m’étais pas trompé. Je ne sais pas si Las Aves aura une belle et longue carrière, mais ce que je sais c’est qu’ils sont très doués et très malins.

Tehos

Setlist :

  1. - "Gasoline"
  2. - "First Aid Blanket"
  3. - "Blue"
  4. - "Die in Shanghai"
  5. - "Los Angeles"
  6. - "Heartbeats"
  7. - "Unknown" (nouveau morceau non identifié)
  8. - "N.E.M."
  9. - "Perfect Mess"
  10. - "Perfect Mess Pt. II"
  11. - "Antistar"
  12. - "Lioness"
  13.  
  14. - interlude de Dan Levy
  15.  
  16. - "Leo"

- "Antistar" (reprise, avec Ryder the Eagle)

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